Paris
En arrivant, j’étais de nouveau très séduit par Paris, mais je sens que dans quelques jours je serai content de retourner à la campagne. Curieusement, il y a une sorte d’excitation à voir les gens dans la rue, les beaux endroits, les multiples activités offertes dans tous les domaines ; mais ce ne sont finalement que des possibilités mentales qui s’offrent à ma curiosité insatiable. Et concrètement, il ne se passe pas grand-chose. C’est séduisant au niveau imaginaire. Je pensais hier que ce serait bien d’avoir un pied-à-terre à Paris. Je ressentais la même chose à Lyon, récemment. Il y a le spectacle des yeux, et les désirs subtils pour tous les plaisirs de sens qui sont constamment éveillés. Mais tout cela est irréel, une illusion alléchante, certes, mais que je n’aimerais pas voir se matérialiser.
Dans l’expo de Staël, je regardais la vue sur Paris, en direction du nord, encadrée par les poutrelles extérieures du Centre Pompidou. C’était superbe, comme un tableau hyperréaliste, mais aussi très irréel ; et je rêvais d’un atelier-studio dans les toits de Paris, avec cette belle vue. La grande ville a ses charmes, si on a un lieu confortable pour s’isoler de la foule et du bruit, et qu’on choisit ses sorties.
Aujourd’hui il pleut, que faire ? Je n’ai pas envie de sortir, d’aller au cinéma, dans les librairies ou les musées. J’aurais aimé me balader dans les rues : recherche d’aventure, de rencontres, ou trouver des magasins, des galeries, des sites, des visions, des idées nouvelles. C’est ce que j’aime dans les grandes villes. À ce propos, j’ai vu une intéressante exposition de Lartigue : des photos prises au vol, insolites, souvent comiques ou ludiques, dans le Paris des années 1930. Dans le spectacle des yeux, il faut en même temps percevoir le côté extra-sensoriel : aller au-delà de l’image, du visuel. C’est cela que j’aime traquer dans le paysage urbain, souvent plus scintillant, à ce point de vue, que les paysages de la nature.
30 juin 2003, Paris